Fiction?

Publié le par Johnboy FuRu

FICTION?




Le point culminant de la soirée venait d’être atteint. Jean Roucasse remportait à plates coutures la finale de smurf face à un panneau “cédez le passage” (parvenu à ce stade de la compétition grâce à un mouvement nommé “Soda-Kiri”), tandis que le DJ claquait de la reverb sur le dernier tube de Raymond Barre “My Dentifrice is a Joke”. A partir de maintenant, la fête va décliner et, bientôt, elle battra son vide.

Dois-je quitter mon T-shirt “Thierry Le Luron” ainsi que mon futal en peau d’Etienne Daho, puis prendre mes jambes, les mettre à mon cou et filer nu dans mes appartements avant que l’ennui ne pointe? Ou devrais-je plutôt rester afin de sauver une ambiance qui tend vers le délétère, en essayant, peut-être, de joindre mes efforts a ceux de l’alphabet qui tente de lancer une farandole?


Que d’indécisions, de questionnements pour rien. Il me suffisait juste d’attendre pour que le jour se fasse dans mon esprit. La décision de rester s’imposa d’elle-même lorsqu’Etienne Mougeotte se propulsa avec éclat dans le salon dans lequel je me trouvais, assis sur un sofa juvénile, au côté d’une perplexe maquerelle.

Son entrée dynamique incrusta des sourires vigoureux sur les faces stroboscopées des convives. Et la distribution de cafards génétiquement modifiés qu’il fit alors n’altéra en rien ce phénomène.

Dix minutes d’attente tendue passèrent mais les doses de cafards que chacun avait promptement ingurgités firent rapidement leurs effets.


Je suis heureux. Mes bras se multiplient tels des divisions. Manessier casse des vitraux. Jean Roucasse met son bite dans la femme de l’oreille de son oncle. L’alphabet récite Etienne Mougeotte pendant que ce dernier est à deux doigts de toucher le bonheur avec son nez. Une fille belle comme un journaliste de “l’Equipe” se fait tatouer “la Ziza” au creux des reins par un astronaute chilien. La place Beauveau vomit sur Annie Cordy; ça lui apprendra à vouloir passer la soirée sous la table. Rox et Rouky font main basse sur les petits fours et se mettent en quête d’un petit frigo assorti.


Le réveil fut douloureux. Je suis de mauvais poil. J’ai le crâne aussi souple qu’un coton-tige et je viens de m’apercevoir qu’il me manque une aisselle. Et mon rôle à assumer…

Je donne des ordres. “GARDE REPUBLICAINE, METTEZ TOUT LE MONDE DEHORS!” “FINANCE, ECOLOGIE! FAITES LE MENAGE!” “CULTURE, RANGE LA TABLE DE PING-PONG ET PREPARE LE THE!”. J’observe le garde des seaux les vider du vomi et du verre brisé qui les ont remplis hier. Je regarde ma montre. Dans vingt-huit minutes, mon homologue chef d’état, celui de Suède, montera les marches du Palais Elysées. Je file dans ma chambre. Que choisir: la chemise Armani ou mon pull “Pacman”?

Il doit bien me rester une boîte de thon pour ce midi…


 

 

(histoire publiée dans le "Brique Magazien n°1")

 

Publié dans textes de fanzines

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